Balade en Balagne

Au cœur de la Haute-Corse, la Balagne est une terre riche et fertile, habitée depuis la préhistoire, qui oscille entre les nombreuses stations balnéaires du littoral dont Calvi la blanche et l’ile Rousse, plus familiale, et un arrière-pays piqueté de villages traditionnels souvent perchés sur les hauteurs ou là un lavoir, ici une fontaine, et toujours ces pierres chargées d’histoire. Balade au cœur du « jardin de la Corse », entre figuiers, vergers, maquis, oliviers et immortelles.

Merci à Geneviève Clastres du collectif Voyageons Autrement pour avoir rédigé cet article.

A l’assaut de Calvi la blanche !

Perchée sur son éperon de granit, la capitale de la Balagne regarde fièrement vers la mer. Sa célèbre citadelle, qui surplombe la ville, atteste d’un passé glorieux, un passé génois où pirates et autres écumeurs des mers passaient leur chemin. En 1278, éreintée par des décennies de rivalités et massacres entre seigneurs locaux, la cité, alors réduite à une poignée de bicoques de pêcheurs recroquevillées sous leur rocher, finit par faire appel à la protection des génois. À travers sa devise, « Civitas Calvi Semper Fidelis », Calvi prouve alors sa fidélité à la sérénissime république génoise. Forte de cette loyauté, elle se dressera contre Pise tout d’abord puis, durant le siège de Calvi, en 1794, elle luttera contre la Grande Révolte des Corses de Pascal Paoli. Aujourd’hui, il reste ces ruelles pavées et étroites que les visiteurs ont plaisir à parcourir et, au pied de la citadelle, ces bateaux et plaisanciers qui s’amarrent à la marine, à quelques pas d’une longue plage de sable fin que l’on parcourt par une passerelle en bois. Panorama préféré des Calvais, la vue depuis la chapelle et le sanctuaire Notre Dame de la Sera. Et si l’on trouve encore ici et là un hôtel, une avenue, voire une plaque dédiée à un Christophe Colomb calvais, il est quasi admis que le célèbre navigateur n’a pu naître là, mais au fond, peu importe, puisque l’histoire fait parler et ramène à l’épopée d’un illustre personnage dont le point d’ancrage reste toujours un mystère…

Suspendre le temps à l’île Rousse

Entre Calvi et l’Ile Rousse, il faut prendre le « Trinichellu », le « train tremblotant », un train pas comme les autres qui longe le littoral, un assemblage de petits wagons qui sillonnent tranquillement la Balagne et s’arrêtent à chaque plage. Une expérience lente… et magique qui outre relier les deux villes, déroule des paysages sublimes. Une fois à l’Ile Rousse, on retrouve Pascal Paoli, ce général Corse chef de la République indépendante, au cœur de l’Ile Rousse, puisque comme dans nombre de villes de l’ile de Beauté, il y possède sa place, une magnifique esplanade bordée de platanes percée de ruelles bucoliques qui mènent au front de mer. Et autant Calvi est droite et fière, autant l’Ile Rousse est bucolique et familiale. Cette station balnéaire, très prisée, exhibe dans une langueur nonchalante de sublimes plages de sable fin. Ici, on prend son temps, on flâne, on respire. Entre le marché couvert aux vingt-et-une colonnes, les maisons basses aux ocres délavées et les nombreuses boutiques artisanales, les promeneurs battent les vieux pavés. On ne sera pas surpris que l’Ile Rousse ait inspiré nombre d’artistes, dont Fernand Léger, « le normand planétaire », qui y séjourne par deux fois, ébloui par la lumière des lieux et des paysages.

Villages et paysages de l’arrière-pays

Mais la Balagne, au-delà des plages et du littoral, ce sont aussi ces vallées où les villages perchés aux petites ruelles font le bonheur des vacanciers. Il y a Lumio, village lumière, qui domine la baie de Calvi entre mer et maquis, village de culture où les polyphonies corses résonnent mais village de tradition également, avec la culture de la vigne, le battage du blé, et nombre d’artisans locaux. Il y a Lunghignano, Cassano, deux villages figés dans le temps où toutes les générations se côtoient mais qui s’animent fin juillet, au moment de la foire de l’olive ; Montemaggiore et son panorama exquis sur le golfe de Calvi et les pentes du Monte Grosso. Plus loin dans les terres, Zilia vous offre vin, eau, biscuits à déguster et, plus au nord, en remontant vers la tête de l’île, Pigna et ses maisons aux volets bleus, un village d’artistes et d’artisans qui domine la baie d’Algajola. On pourrait aussi citer Speloncato et sa vue à couper le souffle ou Sant Antonino, le patriarche, édifié au 9e siècle, un dédale de pierre sur un nid d’aigle et enfin Moncale, perché lui aussi, qui regarde le Monte Crosso.

Enfin, il y a Calenzana, départ du mythique GR 20 côté nord, ancien village de berger sous la protection de Sainte Restitude. C’est là que les randonneurs entament leur traversée de la Corse en empruntant un ancien sentier muletier qui monte en pente douce avant de rejoindre Bocca di Ravalente, l’occasion d’un nouveau clin d’œil à Calvi. Et ci va la vie en Balagne, dont les nombreuses facettes sont aussi mises en valeur grâce au projet de coopération franco-italien Interreg Marittimo financé par SISTINA, qui a distingué de nombreux prestataires engagés dans le cyclotourisme, le nautisme ou l’oenogastronomie dont des agences qui proposent des circuits découvertes des produits locaux telles Sardaigne en liberté, des périples à vélo ou des traversées à la voile.

Autre balade possible, De Cargèse à Calvi, sur les routes spectaculaires de l’île de Beauté

♦ D’après le Guide Food & Travel CORSE, numéro 1, Michelin, 2019.